Soutenance de thèse

Le Lundi, 10. mars 2025 -
14:00 - 19:00
Salle des Actes à l’Université de Montpellier Paul-Valéry - Site Saint Charles

Mme Sandra GUTIERREZ-POIZAT

Soutiendra lundi 10 mars 2025 à 14 h

Salle des Actes n° 011 à l’Université de Montpellier Paul-Valéry, Site Saint-Charles 1

une thèse de DOCTORAT

Discipline : Géographie et aménagement de l’espace

Titre de la thèse : La gestion de l'eau au quotidien dans les territoires périurbains de l'Aire métropolitaine de San Salvador (El Salvador). Entre "eau moderne" et hybridité des pratiques

Composition du jury :

  • Mme Sylvie CLARIMONT, Professeure, Université de Pau et des Pays de l’Adour
  • M. Carlos FERRUFINO, Professeur, Université centrafricaine de San Salvador (El Salvador)
  • M. Sébastien HARDY, Chargé de recherche, IRD
  • Mme Édith KAUFFER, Chercheuse, CIESAS-Sureste (Mexique)
  • Mme Lucile MEDINA, Professeure, Université de Montpellier Paul-Valéry, directrice de thèse 
  • Mme Évelyne MESCLIER, Directrice de recherche, IRD

Résumé de la thèse :

La gestion et la gouvernance de l’eau en Amérique latine représentent l’un des grands défis du XXIe siècle. Il s’agit avant tout d’un processus politique qui implique l’exercice du pouvoir par des acteurs à la fois économiques, sociaux et politiques, lesquels définissent ensemble les objectifs et les moyens que la société se fixe en matière d’eau. Cependant, cette aspiration à une harmonie où les règles seraient claires et où les différents acteurs s’accorderaient sur les questions clés n’est pas toujours évidente. Bien que les problèmes de gestion et de gouvernance de l’eau soient souvent abordés selon des perspectives dominantes, des conflits moins visibles se manifestent dans la vie quotidienne, dans des territoires où leurs habitants luttent pour la défense de ces ressources ou pour y accéder.

Dans ce contexte, cette thèse s’intéresse à analyser la gestion et la gouvernance de l’eau de consommation quotidienne, dite « eau potable », dans les territoires périurbains de l’Aire Métropolitaine de San Salvador (AMSS), El Salvador. L’intérêt porte sur les dynamiques de pouvoir et les conflits qui émergent autour de cette ressource, ainsi que sur les stratégies mises en œuvre par les habitants des quartiers précaires périurbains pour y faire face, compte tenu du fait que, face aux transformations et aux pressions subies, les populations affectées s’engagent dans des processus de résistance. Ces processus sont compris comme des trajectoires visant à défendre le territoire et à accéder aux services urbains.

Du point de vue territorial et s’inspirant des approches de la précarité sociale proposées par l’écologie politique latino-américaine, nous avançons que les habitants les plus défavorisés des territoires périurbains vivent une précarité territoriale qui, au lieu de les exclure totalement de l’accès à l’eau, les confine à une inclusion précaire dans la ville et ses services. Cette trajectoire d’inclusion précaire dans la ville s’accompagne d’une déconnexion durable des réseaux d’eau conventionnels. Ainsi, ces réseaux coexistent avec d’autres modes d’accès à la ressource, construisant des réseaux socio-technologiques hybrides, plus ou moins régulés. On parle alors d’une gouvernance défaillante lorsque les dimensions institutionnelles de la gestion de l’eau et de la prise de décision ne prennent pas en compte de manière efficace les besoins des ménages les plus pauvres.

Cette recherche vise donc à reconstruire la trajectoire d’inclusion précaire aux réseaux socio-technologiques de l’eau potable pour les habitants des établissements précaires dans les territoires périurbains de l’AMSS. Il s’agit d’analyser comment, dans le temps et dans l’espace, ces habitants ont territorialisé cet espace, s’appropriant le territoire à la fois physiquement et symboliquement, dans un contexte de déconnexion continue et durable des services d’eau. Pour ce faire, nous proposons d’utiliser le concept de cycle hydro-social comme outil d’analyse, en considérant que dans une société inégale comme celle du Salvador, le conflit est au cœur des relations hydro-sociales. En croisant les éléments constitutifs du cycle hydro-social (eau, rapports de pouvoir sociaux, infrastructures et technologies) dans les territoires périurbains de l’AMSS, cette thèse ambitionne de révéler des représentations spécifiques de l’eau et ainsi de proposer des alternatives à la gestion traditionnelle de cette ressource. Au même temps les conflits pour l’accès à l’eau ont pour toile de fond non seulement l’accès à la terre et à ses ressources, mais aussi l’accès à la ville et à ses services, dans un processus inachevé qui met en évidence la nécessaire reconnaissance d’une gouvernance défaillante de l’eau et l’importance d’une gouvernance locale et adaptative « par le bas ».

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Water management and governance in Latin America represent one of the greatest challenges of the 21st century. It is primarily a political process that involves the exercise of power by economic, social, and political actors who together define the goals and means that society sets for water. However, this aspiration for harmony where the rules are clear and where the different actors agree on key issues is not always evident. Although water management and governance issues are often approached from dominant perspectives, less visible conflicts manifest themselves in daily life, in territories where inhabitants struggle to defend these resources or to access them.

In this context, this thesis aims to analyze the management and governance of daily consumption water, commonly known as "drinking water", in the peri-urban territories of the San Salvador Metropolitan Area (AMSS), El Salvador. The focus is on the power dynamics and conflicts that emerge around this resource, as well as on the strategies implemented by residents of precarious peri-urban neighborhoods to cope, given that, faced with transformations and pressures, affected populations engage in resistance processes. These processes are understood as trajectories aimed at defending the territory and accessing urban services.

From a territorial perspective and drawing on the approaches to social precariousness proposed by Latin American political ecology, we argue that the most disadvantaged inhabitants of peri-urban territories experience territorial precariousness which, instead of completely excluding them from access to water, confines them to a precarious inclusion in the city and its services. This trajectory of precarious inclusion in the city is accompanied by a lasting disconnection from conventional water networks. Thus, these networks coexist with other modes of access to the resource, constructing hybrid socio-technological networks that are more or less regulated. This is referred to as failing governance when the institutional dimensions of water management and decision-making do not effectively take into account the needs of the poorest households.

This research aims to reconstruct the trajectory of precarious inclusion into socio-technological drinking water networks for residents of precarious settlements in the peri-urban territories of the AMSS. It seeks to analyze how, over time and space, these inhabitants have territorialized this space, appropriating the territory both physically and symbolically, in a context of continuous and lasting disconnection from water services. To do so, we propose using the concept of the hydrosocial cycle as an analytical tool, considering that in an unequal society like El Salvador, conflict is at the heart of hydrosocial relations. By intersecting the constituent elements of the hydrosocial cycle (water, social power relations, infrastructure, and technology) in the peri-urban territories of the AMSS, this thesis aims to reveal specific representations of water and thus propose alternatives to the traditional management of this resource. At the same time, conflicts over access to water are set against the backdrop of access to land and its resources, as well as access to the city and its services, in an unfinished process that highlights the need to recognize the failing governance of water and the importance of a local and adaptive "bottom-up" governance.

Dernière mise à jour : 03/03/2025